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Colas et Jacqueline, en tant que géants, sont nés en 1891. La Revue septentrionale de 1928 les décrit ainsi: "Le maraîcher d'Achicourt surmonte son chef d'un bonnet de coton bariolé : un sarrau de toile bleue, bien amidonné et repassé, lui descend jusqu'au dessous des genoux; son pantalon, large et long, recouvre le talon de ses sabots. Il tient, sous le bras, un énorme parapluie recouvert d'une sorte de lustrine verte, sous lequel s'abriteraient facilement quatre personnes. Sa femme Jacqueline est vêtue à la mode achicourienne: bonnet blanc tuyauté, corsage de "pilou" à petits pois, fichu multicolore et robe grise à lignes. Comme bijoux, d'énormes pendants en cuivre aux oreilles et, sur la poitrine, un cœur de même métal. Au bras, un vaste panier à deux compartiments, destinés à contenir les provisions. Elle est chaussée de sabots plus "fantaisie" que ceux de son mari." |
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Les deux personnages sont étroitement liés à la fête d'Arras, instituée en 1812 pour commémorer chaque année, fin août, la levée du siège de la ville par les Espagnols en 1654. En 1812 donc, le poète Legay eut l'idée de composer, à l'occasion de cette fête une chanson humoristique en patois; il a imaginé un dialogue entre deux paysans d'Achicourt (village de la banlieue maraîchère d'Arras), deux jeunes amoureux, Colas et Jacqueline. La chanson eut tant de succès que l'idée fut reprise chaque année : Legay lui-même, puis Pamart, Pignon, Montigny, Koppe, Magnier et enfin Robert d'Artois composèrent d'autres "chansons de la fête d'Arras" sur le modèle de la première. |
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C'est ainsi qu'en 1816 Colas et Jacqueline se marient; ils ont ensuite des enfants; ils évoquent les événements locaux et nationaux, chute de Napoléon, retour des Bourbons, révolutions de 1830 et de 1848, plantation de l'arbre de la Liberté, débuts du chemins de fer, guerre de 1870, épidémies, etc. En 1852 un chansonnier les fait mourir. Ils sont alors remplacés par leurs enfants Louisette et Mathurin. Mais dès 1853 un autre poète les ressuscite et la vie continue jusqu'en 1839, date de la dernière chanson de Robert d'Artois.
En 1918, ils eurent trois enfants: Robert,
Tiot Jean, Tiot Jacques. En 1995 un petit dernier, prénommé Dédé,
vient agrandir le cercle familial. Colas et Jacqueline subirent un
lifting en 1981 ainsi que tout dernièrement. |
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(Source : Guide de Flandres et Artois mystérieux - Les guides noirs, Tchou éditeur, 1969) |