La gare d'Arras

Retour le chemin de fer Retour plan du site
 

La gare d'Arras est située sur la ligne PARIS - LILLE avec un embranchement vers DUNKERQUE. La ligne Arras - Saint Pol - Étaples s'y raccorde également.

La première gare de 1846

Trois projets ont été présentés en 1843:

  • Une station intérieure aux remparts située entre la Citadelle et la Basse Ville sur les Promenades et qui aurait été en cul-de-sac. Mais l'opposition de l'autorité militaire et la nécessité d'avoir une seconde station sur la ligne PARIS - LILLE l'on fait rejeter.

  • Le deuxième projet situait la station entre le cimetière d'Arras et l'arrivée de la route de Cambrai. Comme il aurait fallu ouvrir la porte Saint Michel pour permettre l'accès direct à la ville, l'autorité militaire a émit des réserves. La possibilité d'installer la gare entre les routes de Bapaume et Cambrai (situation de la gare actuelle) a été écartée par le Conseil Municipal pour plusieurs raisons :
        - principal front d'attaque de la ville,
        - nécessité de démolir trop de maisons dans les Faubourgs Ronville et Saint Sauveur.

  • Le projet retenu a donc été celui d'une gare située entre les routes de Bucquoy et la route de Bapaume (petite vitesse actuelle).

Les différents projets de 1846, cliquez pour agrandir
Croquis des différents projets de la gare d'Arras de 1846 (47681 octets)

Le bâtiment:

Dès le début, une harmonisation des constructions avait été décidée pa la Compagnie du Nord. Cétait la naissance d'une architecture ferroviaire.
De 1835 à 1850, c'est l'âge héroïque de la construction, architecture traditionnelle : mélange de matériaux nobles (pierre et bois) avec des matériaux nouveaux (fer, fonte et verre).
Lez type des gares est celui d'un embarcadère, mis au point par Léonce Reynaud à paris en 1842. Celle d'Arras est construite par Alfred Armand (identique à celles de Lille, Calais, Douai, Saint quentin), mais la rapidité nécessaire pour la construction fait utiliser la brique plutôt que la pierre.

Croquis de la gare d'Arras de 1846
Deux représentations de la gare de 1846, croquis des Ponts et Chaussées,
ci-dessus, et photographie de Joseph Quentin, à droite.
Photo de la gare d'Arras de 1846 (de Joseph Quentin)

 
L'inauguration :

C'est le célèbre Théophile Gautier qui a retracé dans le journal La Presse, du 16 juin 1846, l'inauguration de la première gare d'Arras.
En fait, cette inauguration eut liu dans le cadre de l'inauguration de la ligne Paris-Lille le 14 juin 1846. Deux mille personnes sont présentes à l'arrivée du train officiel où ont pris place les Ducs de Nemours et de Montpensier. Ils sont accueillis par le Préfet du Pas-de-Calais et le Maire de la ville.

Un article du journal Le Libre Artois du 21 novembre 1847 nous décrit l'atmosphère qui régnait autour de cette première gare :
"pour prendre le train, il fallait donc passer sous les voûtes de l'antique Porte Ronville... quelques omnibus... faisaient la navette entre les hôtels et la gare. A la sortie des voyageurs, les conducteurs énonçaient leurs maisons : Commerce ! Univers ! Saint Pol !..."

La première gare d'Arras, édifiée à l'époque des premiers chemins de fer, n'avait rien de monumental; elle ne subit jamais de grandes modifications d'ensemble en ce qui concerne le bâtiment principal. L'accroissement incessant du trafic, en voyageurs et en marchandises, avait laissé prévoir qu'un jour ou l'autre, on serait obligé d'agrandir les bâtiments primitifs et qu'on devrit forcément construire une gare répondant aux exigences de la situation.

La gare de 1898

Le projet de déplacement de la gare fut présenté par la Compagnie du Nord au Conseil Municipal du 5  août 1890. Il présentait de tels avantages au point de vue commercial et à tant d'autres, qu'il fut adopté unanimement.

la Compagnie du Nord avait prévu un emplacement nouveau et mieux adapté au aux besoins (commerciaux, augmentation du trafic), dans le prolongement de la rue Gambetta et avec la suppression des trois passages à niveaux de Ronville, de Saint Sauveur et du Cimetière, et leur remplacement par des passages supérieurs (situation actuelle).

Les travaux :

Le démantèlement des fortifications se poursuivaient avec ardeur, les murs d'enceinte de la Porte Ronvielle étaient abattus. Le projet dans son ensemble et dans ses détails fut approuvé officiellement par la ville d'Arras le 22 juin 1895. C'est en septembre de la même année que commencèrent les premiers travaux.
On procéda de prime abord à la déviation des routes nationales n° 37, 39 et 50 puis on s'occupa de la construction des ponts supérieurs de Ronville et de Saint Michel, qui avaient nécessité préalablement de nombreux sondages qui obligèrent à des travaux de consolidation du sous-sol et des carrières découvertes.

Pendant ce temps, le service des voies de la Compagnie s'occupait du déplacement des voies anciennes et la pose des nouvelles pour permettre l'exploitation des halls aux marchandises. La Compagnie faisait procéder également aux travaux de terrassement nécessaires pour la pose des voies devant desservir le bâtiment principal et aussi niveler l'emplacement de ces bâtiments. On dût extraire  160 000 mètres cubes de terre, qui furent utilisés pour la réalisation des rampes d'accès aux passages supérieurs de Ronville et Saint Michel.

La Compagnie fit faire de nombreux sondages où devait s'élever la gare et des blocs de maçonnerie furent construits à l'emplacement  des piliers du futur bâtiment, plus de 20 000 mètres cubes de remblais furent jeté dans les carrières.

L'entrepreneur de ces grands travaux était Monsieur ROUZE de Lille, l'adjudication de tous les travaux de ferronnerie (charpente, piliers...) fut à la Maison NOUGUIER et KESLER d'Argenteuil. Monsieur ROUZE procédait à la construction des bâtiments annexes tels que lampisterie, dortoirs, remises aux voitures, bureaux divers et usines d'électricité.

Le Hall aux voyageurs et le bâtiment principal:

Par ses dimensions et son ensemble, cette construction rappelle celle de la gare de Lille. Il s'agit d'un bâtiment standardisé de la période 1850-1895 mis au point par Sydney DUNNETT à Lille.
Ce n'est plus un embarcadère, mais un hall, corps central avec pignon de verre, comble métallique soutenu par quatre piles appareillées et une tour à horloge; de chaque côté sont placés des pavillons latéraux néo-classiques.
la gare d'Arras de 1898
Le hall et les quais de la gare d'Arras de 1898

La portée de la construction est de 40 mètres, sa longueur totale de 102 mètres. Elle est formée de dix fermes métalliques, dont huit intermédiaires et deux extrêmes. Ces dernières sont renforcées et forment rideaux. L'éclairage diurne est obtenu par des lanterneaux sur toute la longueur, pour la nuit, de puissantes lampes fournissent une lumière intense. 

Le hall est traversé par quatre voies principales, une cinquième voie est situé à l'extérieur. Trois quais de 500 mètres permettent l'embarquement des passagers.

La gare d'Arras de 1898 et la place de la gare

 A la gauche du bâtiment principal, des voies sont aménagées pour le service des trains-tramways de Lens et de Douai, ainsi qu'à droite pour les trains-tramways de Saint Pol et Doullens.

Le bâtiment principal se composait d'un corps central élevé sur rez-de-chaussée, de dix-sept mètres de hauteur, formant un vestibule éclairé du côté de la ville par des rideaux vitrés et du côté des voies par de nombreuses ouvertures vitrées. Ce corps central était surmonté d'un campanile de dix mètres de hauteurs, où se trouvaient les trois horloges.

Dans le vestibule était installé le bureau central qui comprenait six guichets pour la distribution des billets et deux pour le service des bagages avec deux bascules.
De chaque côté du vestibule existaient deux pavillons à trois étages.

L'intérieur de la gare d'Arras de 1898 (collection Charles Lecointe)

L'inauguration :

La nouvelle gare fut inaugurée officiellement le 30 octobre 1898, par le Ministre des Travaux publics. A cette fête, Monseigneur WILLIEZ avait voulu associer toutes les paroisses de la ville par une lettre aux curés de la ville d'Arras.

Bien qu'inaugurée le 30 octobre, al mise en service ne s'effectua que le 22 novembre avec beaucoup de régularité et c'est sans regret que le personnel quitta l'ancienne gare, pour prendre possession dans la nouvelle, de ses bureaux, installés dans d'excellentes conditions d'hygiène et de confort.

Les destructions :

Arras, en 1914, est à proximité immédiate du front. La gare est fréquemment bombardée.
Fort endommagée, elle est pourtant reconstruite en 1919-1920.

La Seconde Guerre Mondiale va sonner le glas de son existence.

Bombardée violemment le 19 mai 1940, la gare est cependant utilisée pendant la guerre.

 

La gare d'Arras détruite en 1918
La guerre détruite en 1918

la gare d'Arras détruite en 1940 En avril 1944 et en juin suivant, ses bâtiments sont partiellement détruits. Son dépôt de locomotives est anéanti.
La gare s'installe d'abord provisoirement dans un wagon de marchandises près de la Grande Vitesse.

En septembre 1944, les premiers trains recommencent à circuler.

Une construction provisoire est installée rue du docteur Brassart, alors qu'on décide de détruire la magnifique gare de 1898. 

Ce bâtiment voyageurs provisoire sera démonté en 1958, date d'ouverture de la gare actuelle.

la gare provisoire d'Arras en 1944

 
La gare actuelle

La Vie du Rail, dans son numéro 592 du 14 avril 1957, nous la décrit:

"Le nouveau bâtiment des voyageurs de la gare d'Arras est d'un aspect franchement moderne, mais sans outrance. Il présente de grands pans vitrés en façade, côté ville comme côté voie.
Pour rester dans le caractère général, toutes les parties pleines des constructions nouvelles sont traitées en briques soulignées de pierres.

Le bâtiment très transparent, réalise la synthèse du caractère industriel et des matériaux traditionnels de l'Artois."

"Au point de vue de l'urbanisme, le bâtiment, situé sensiblement dans l'axe de la Place du Maréchal Foch, a été conçu de façon à respecter les perspectives de cette place et à ne pas former écran entre les parties de la ville séparées par les voies de chemin de fer."

"La nouvelle gare offre aux voyageurs des installations spacieuses et confortables. Un vaste hall s'ouvre par trois portes sur la place et comprend, sur un même front: les guichets de billets, les guichets de renseigne ment et les accès aux quais; à gauche, les bagages, à droite, la bibliothèque et le Syndicat d'Initiative.

Le pignon côté Paris est réservé au buffet dont la salle de restaurant déborde largement."

"La sortie des voyageurs, aménagée à l'extrémité côté Lille du bâtiment, est constituée par un couloir couvert au débouché du passage souterrain desservant les quais d'arrivée."

"Sur les quais, les abris modernes comportent plusieurs petites salles d'attente fermées et chauffées."

C'est Guy MOLLET, alors Président du Conseil, qui posa la première pierre le 24 mars 1957.

Les voies du bâtiment voyageurs et des différents chantiers :

Le chantier voyageurs possède huit voies de quais de 3110 mètres et trois voies hors quai d'une longueur de 1020 mètres.

Les chantiers marchandises étaient constitués de 16 voies pour le chantier local, de 21 voies pour le chantier de plaine, servant au triage des trains de marchandises.

Trois postes d'aiguillages surveillent le trafic.

Des embranchements particuliers desservaient des chantiers locaux : quartier Méaulens, Grand Place, Saint-Laurent.
Ne subsistent de nos jours qu'un embranchement vers Dainville pour une entreprise de conditionnement de bouteilles de gaz, un  second vers Feuchy.


La gare d'Arras en 2003

La gare a fait l'objet de travaux de modernisation ces dernières années. L' aménagement de la place de la gare se termine en cette fin 2003.

On distingue à l'extrémité de la gare la passerelle en béton. Celle-ci est désaffectée actuellement. Elle permettait aux piétons de traverser les voies pour se rendre des quartiers sud d'Arras vers le centre ville.

La passerelle du temps de la gare de 1898 La passerelle, côté rue Émile Breton, "derrière la gare", du temps de la gare de 1898 (à gauche). 

Elle avait été édifiée en 1924 après une pétition des riverians des quartiers Ronville et Saint Sauveur.

La passerelle, derrière la gare.
La passerelle, côté rue Émile Breton, en 2000. 

  
La passerelle, côté gare, en 1999 La passerelle, côté gare, en 2000. 

La passerelle a été détruite début 2006

Trafic actuel de voyageurs :

  • La ligne Paris - Lille

  • Un embranchement sur la ligne TGV Paris - Lille

  • La ligne Arras - Dunkerque par Lens, Béthune, Hazebrouck

  • La ligne Arras - Étaples par Saint Pol sur Ternoise, Hesdin, Montreuil sur Mer.

Histoire de la gare d'Arras, documents écrits par le Collège Adam de la Halle, en 1984, lors de  "EXPO-RAIL" : "Le chemin de fer à Arras et Achicourt des origines à nos jours".

Retour en haut de la page