Les travaux :
Le démantèlement des fortifications se poursuivaient avec ardeur, les murs d'enceinte de la Porte Ronville étaient abattus. Le projet dans son ensemble et dans ses détails fut approuvé officiellement par la ville d'Arras le 22 juin 1895. C'est en septembre de la même année que commencèrent les premiers travaux.
On procéda de prime abord à la déviation des routes nationales n° 37, 39 et 50 puis on s'occupa de la construction des ponts supérieurs de Ronville et de Saint Michel, qui avaient nécessité préalablement de nombreux sondages qui obligèrent à des travaux de consolidation du sous-sol et des carrières découvertes.
Pendant ce temps, le service des voies de la Compagnie s'occupait du déplacement des voies anciennes et la pose des nouvelles pour permettre l'exploitation des halls aux marchandises. La Compagnie faisait procéder également aux travaux de terrassement nécessaires pour la pose des voies devant desservir le bâtiment principal et aussi niveler l'emplacement de ces bâtiments. On dût extraire 160 000 mètres cubes de terre, qui furent utilisés pour la réalisation des rampes d'accès aux passages supérieurs de Ronville et Saint Michel.
La Compagnie fit faire de nombreux sondages où devait s'élever la gare et des blocs de maçonnerie furent construits à l'emplacement des piliers du futur bâtiment, plus de 20 000 mètres cubes de remblais furent jeté dans les carrières.
L'entrepreneur de ces grands travaux était Monsieur ROUZE de Lille, l'adjudication de tous les travaux de ferronnerie (charpente, piliers...) fut à la Maison NOUGUIER et KESLER d'Argenteuil. Monsieur ROUZE procédait à la construction des bâtiments annexes tels que lampisterie, dortoirs, remises aux voitures, bureaux divers et usines d'électricité.
Le Hall aux voyageurs et le bâtiment principal :
Par ses dimensions et son ensemble, cette construction rappelle celle de la gare de Lille. Il s'agit d'un bâtiment standardisé de la période 1850-1895 mis au point par Sydney DUNNETT à Lille.
Ce n'est plus un embarcadère, mais un hall, corps central avec pignon de verre, comble métallique soutenu par quatre piles appareillées et une tour à horloge; de chaque côté sont placés des pavillons latéraux néo-classiques.
La portée de la construction est de 40 mètres, sa longueur totale de 102 mètres. Elle est formée de dix fermes métalliques, dont huit intermédiaires et deux extrêmes. Ces dernières sont renforcées et forment rideaux. L'éclairage diurne est obtenu par des lanterneaux sur toute la longueur, pour la nuit, de puissantes lampes fournissent une lumière intense.
Le hall est traversé par quatre voies principales, une cinquième voie est situé à l'extérieur. Trois quais de 500 mètres permettent l'embarquement des passagers.
A la gauche du bâtiment principal, des voies sont aménagées pour le service des trains-tramways de Lens et de Douai, ainsi qu'à droite pour les trains-tramways de Saint Pol et Doullens.
Le bâtiment principal se composait d'un corps central élevé sur rez-de-chaussée, de dix-sept mètres de hauteur, formant un vestibule éclairé du côté de la ville par des rideaux vitrés et du côté des voies par de nombreuses ouvertures vitrées. Ce corps central était surmonté d'un campanile de dix mètres de hauteurs, où se trouvaient les trois horloges.
Dans le vestibule était installé le bureau central qui comprenait six guichets pour la distribution des billets et deux pour le service des bagages avec deux bascules. De chaque côté du vestibule existaient deux pavillons à trois étages.